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L’ANÉLYTROÏDE

du monde, à le créer dans le temps ; que sans besoin comme sans nécessité, puisqu’il possède toutes choses et que seul il peut se suffire à lui-même, l’Éternel, en opérant cette merveille, n’a eu en vue que son Verbe divin ; qu’il a prévu devoir s’incarner, et s’offrir lui-même en sacrifice, et que le monde n’a été formé que par le Verbe et pour le Verbe, qui devait un jour le réparer après sa chute et rendre à Dieu une gloire infinie et digne de lui[1]. »

C’est alors, ami lecteur, que, nourrie de la parole divine et devenue « digne de porter les souliers de Jésus-Christ[2] et de délier la courroie de ses boucles[3], » votre âme, en se dégageant de la misérable enveloppe qui la tenait enchaînée ici-bas, s’élancera toute joyeuse vers le brillant séjour de la céleste Jérusalem, où elle habitera avec les Chérubins, espèces d’animaux[4] qui servent de monture à Dieu quand il se met en voyage, « ascendit super Cherubin et volavit ; » de ces Chérubins, à la face bouffie, dont l’un d’entre eux fut mis en sentinelle à la porte du Paradis terrestre avec une épée flamboyante, pour empêcher notre premier père et sa pétulante moitié de rentrer dans ce lieu de délices[5] ; avec les Séraphins qui précédaient les roues mystérieuses qu’Ézéchiel vit sous le firmament[6] ; avec les Anges, les Archanges, les Trônes, les Dominations, les Vertus, les Potentats, les Principautés, tes Forts, les Légers, les Souffles, les Flammes, les Étincelles ; dans ce ciel, où vous entendrez les Anges chanter hozanna treize mille six cent trois fois, et ensuite s’endormir paisiblement sur les marches resplendissantes du trône immortel que soutiennent les Séraphins ; où vous verrez des ballets entre les

  1. Lamy, Introduction à l’Écriture sainte, liv. I, chap. 2.
  2. Saint Mathieu, chap. III, v. 11.
  3. Saint Luc, chap. III, v. 16.
  4. Exéchiel, chap. X, v. 16.
  5. Genèse, chap. III, v. 24.
  6. Exéchiel, chap. I, v. 5 à 28.