Page:Mirabeau l'aîné - Erotika Biblion, 1867.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
LA TROPOÏDE

punis, furent consulter l’oracle de Dodone, qui leur ordonna de rappeler Priape de son exil.

Je passerai sous silence, comme fastidieux, ses attributions et son emploi qui le commettait à la garde des jardins, où il servait d’épouvantail aux oiseaux et aux voleurs qu’il menaçait de cette disposition pénale :

Fœmina si furtum faciet mihi, virque puerque,
Hæc cunnum, caput hic, præbeat ille nates.


Je dirai que ce dieu présidait à toutes les débauches du paganisme. Ses Phallalogies ou ses fêtes se célébraient particulièrement à Lampsaque. Les Égyptiens, selon certain auteur, le nommaient Horus et le représentaient « jeune, ailé, avec un disque sous les pieds, tenant un sceptre dans la main droite, et de la gauche soulevant son membre viril, qui égalait en grosseur tout le reste de son corps. » Festus rapporte que les Romains lui élevèrent un temple sous le nom de Mutinus, « où il était assis avec le membre en érection, sur lequel les jeunes épouses venaient s’asseoir avant de passer dans les bras de leurs maris, afin que ce dieu eût les prémices de leur virginité. C’est pour cela que lui était dédiée la première nuit des noces, que présidaient, sous ses ordres, les dieux Subigus, Jugatinus, Domitius et Mutinus[1] ; et les déesses Virginiensis, Prema, Pertunda, Manturna, Cinxia, Matuta, Mena, Volupia, Strenua, Stimula[2], etc., toutes divinités officieuses qu’on invo-

  1. Jugatinus, qui unissait l’homme et la femme par le mariage. August. de Civ. IV, c. 8. — Domitius, qui protégeait la mariée dans la maison du mari. Aug. VI, c. 9. — Mutinus, dont la coutume religieuse était de faire asseoir la jeune mariée sur un fascinum, de dimension énorme et monstrueuse. Aug. IV, c. 11.
  2. Manturna, dont l’office était de faire en sorte que la femme restât avec le mari. Aug. VI, c. 9. — Cinxia, qui devait ôter la ceinture à la mariée. Abnob., lib. III, p. 118. — Matuta, qui présidait aux caresses du réveil. Plut., in Camillo. — Mena, qui présidait aux mens-