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LA TROPOÏDE

Au reste, saint Jérôme croit que ce dieu était le même que le dieu des Moabites et des Madianites, qu’ils invoquaient sous le nom de Peor, Beelphegor ou Phegor. Mais toujours est-il que Priape était connu et même adoré des Juifs, puisqu’il est rapporté dans la Bible : « que dans la vingtième année du règne de Jéroboam, roi d’Israël, Asa, roi de Juda, chassa de son territoire tous les efféminés et purifia son royaume de toutes les souillures de l’idolâtrie que ses pères avaient établies. De plus, il défendit à sa mère Mahacham d’être désormais la prêtresse des sacrifices de Priape, dans le bois qui lui était consacré ; puis il renversa sa statue et brûla cette image infâme dans le torrent de Cédron[1]. » Le texte hébreu porte miphletzet, que les interprètes traduisent indifféremment par caverne, assemblée, idole, mots qui dans ce passage de la Bible expriment la même idée ; car il est avéré que Mahacham, avec la confrérie qu’elle avait formée et dont elle était le chef, célébrait dans les bois ou lieux obscurs (in luco) les sacrifices de Priape, qu’accompagnaient les crimes les plus honteux et les plus infâmes prostitutions.

  1. Rois, ch. XV, v. 9 à 13. — Paralipomènes, liv. II, ch. XV, v. 16.