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L’ISCHA

créé. Il a été fait à plusieurs fois, afin que son merveilleux ensemble prouvât que si la volonté seule du grand Être était la règle, il était le maître de la matière, du temps, de l’action et de l’entreprise. L’éternel Géomètre agit sans nécessité, comme sans besoin ; il n’est jamais ni contraint, ni embarrassé. On voit, pendant les six espaces de la création, qu’il tourne, façonne, meut la matière sans peine, sans effort ; et quand une chose dépend d’une autre, quand, par exemple, la naissance et l’accroissement des plantes dépendent de la chaleur du soleil, ce n’est que pour indiquer la liaison de toutes les parties de l’univers, et développer sa sagesse par ce merveilleux enchaînement.

Mais tout ce qu’enseigne la Bible sur la création de l’univers, n’est rien en comparaison de ce qu’elle dit sur la production du premier être raisonnable. Jusqu’ici tout a été fait à commandement ; mais quand il s’agit de créer l’homme, le système change et le langage avec lui. Ce n’est plus cette parole impérieuse et subite, c’est une parole plus réfléchie et plus douce, quoique non moins efficace ; Dieu tient un conseil en lui-même, comme pour faire voir qu’il va produire un ouvrage qui surpassera tout ce qu’il a créé jusqu’alors. Faisons l’homme, dit-il. Il est évident que Dieu parle à lui-même. C’est une chose inouïe dans toute la Bible, qu’aucun autre que Dieu ait parlé de lui-même en nombre pluriel : Faisons, Dans toute l’Écriture, Dieu ne parle ainsi que deux ou trois fois ; et ce langage extraordinaire ne commence à paraître que lorsqu’il s’agit de l’homme.

Cette création faite, il se passe un temps considérable avant que ce nouvel être, à double sexe, reçoive le souffle de vie ; ce n’est qu’à la septième époque. Adam