Page:Mirabeau l'aîné - Erotika Biblion, 1867.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
EROTIKA BIBLION

vient un noyau stérile, et laisse languir toutes les fonctions du corps ; et de même que le bien-être et le contentement de l’esprit produisent la joie, l’épanouissement de l’âme, la vivacité, l’embellissement du corps, la satisfaction, le sourire, la gaieté ou la douce et tendre joie de la sensibilité, et ses voluptueuses larmes, et ses embrassements énergiques, et ses transports brûlants ressemblant à l’ivresse, de même la peine d’esprit et ses inquiétudes rétrécissent l’âme, abattent le corps, enfantent les douleurs morales et physiques, et la langueur, et l’accablement et l’inertie. Il ne serait donc ni fou ni coupable celui qui, à l’exemple d’un despote asiatique, mais par d’autres motifs, proposerait aux philosophes et aux législateurs la recherche de nouveaux plaisirs, et crierait : Épicure était le plus sage des hommes, La volupté est et doit être le mobile tout-puissant de notre espèce.

Il y a des variétés dans les êtres créés qui seraient incroyables si l’on pouvait combattre les résultats d’observations suivies, réitérées, authentiques[1] ; mais la physique éclairée doit être le guide éternel de la morale. Et voilà pourquoi presque toutes les lois coercitives sont mauvaises. Voilà pourquoi la science de la législation ne peut être perfectionnée qu’après toutes les autres.

Mais l’homme, qui est le plus grand ennemi et le plus grand partisan, le plus grand promoteur et la plus remarquable victime du despotisme, a voulu, dans tous les temps, tout diriger, tout conduire, tout réformer. De là cette foule de lois si injustes et si bizarres, ces

  1. Qui se douterait, par exemple, que la chaleur de l’abeille est mille fois plus considérable que celle de l’éléphant ?