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L’AKROPODIE

institutions inexplicables, ces coutumes de tout genre, à leur place en tel temps, dans telles circonstances, en tel lieu, mais que le tyran de la nature a voulu propager, prolonger, sans égard aux temps, aux lieux et aux circonstances ; la circoncision est, selon nous, une des plus singulières qu’il ait imaginées.

Plusieurs peuples l’ont pratiquée pour des fins utiles dans l’ordre de la nature, et cela est simple et sage. D’autres l’ont admise sans besoin, comme une observance religieuse, et cela paraît fou. Les Égyptiens l’ont regardée comme une affaire d’usage, de propreté, de raison, de santé, de nécessité physique. En effet, on prétend qu’il y a des hommes qui ont le prépuce si long, que le gland ne pourrait pas se découvrir de lui-même ; d’où il résulterait une éjaculation baveuse qui serait un inconvénient considérable pour l’œuvre de la génération. Cette raison en est une assurément pour diminuer un prépuce de cette nature. Mais que ce prépuce ait été un objet en grande vénération chez le peuple choisi de Dieu, voilà ce qui me semble très-singulier.

En effet, le sceau de la réconciliation, le signe de l’alliance, du pacte entre le créateur et son peuple, c’est le prépuce d’Abraham[1], prépuce qui devait être racorni, car Abraham avait quatre-vingt-dix-neuf ans quand il se fit cette coupure ; il opéra de même sur son fils, sur tous les mâles, etc.[2]. La femme de Moïse circoncit aussi son fils ; ce ne fut pas sans peine, et elle se brouilla avec son époux, qui ne la revit plus[3].

  1. Gen., XVII, 24.
  2. Ibid., XVII, 5, 26, 27.
  3. Exod., IV, 25.