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LA HALTE

Arrête, compagnon, car les ombres allongent.
Sur ces gradins étroits du temple abandonné,
drapés dans nos manteaux de laine et dans nos songes
nous attendrons en paix qu’un jour nouveau soit né.
Les pêcheurs sont rentrés au port ; j’entends les cimes
bruire faiblement des grands pins maritimes,
et le chant alterné des vagues dans la nuit.
Mais les dieux sont absents — Diane dort, sans doute,
ayant chassé dès l’aube en fleur. Comme une fleur
elle s’est inclinée au milieu de ses sœurs,
et les souffles divins ont mêlé leurs douceurs,
et les seins délicats s’apaisent sous les voiles ;
seules, dansent au ciel de légères étoiles,
seuls, la mer et les bois reposent, bruissants…
Mais non ! Vois — l’horizon s’est paré du croissant
dont la Vierge sacrée illumine sa route…
Diane réveillée est là, qui nous écoute !