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FLÛTES DANS LE SOIR

Flûte, âme sonore et docile à la fois,
mon haleine en vous, qu’harmonisent mes doigts,
ô flûte, s’épand telle une âme mineure ;
âme de reflets et de limpidités,
toute confondue avec les chauds étés,
les charmes divers ou fugaces de l’heure.

Flûte, je dirai la végétale odeur
qu’émanent les pins maritimes, le cœur
des roses, les fruits préférés des priapes ;
je dirai la pêche aux duvets délicats,
et l’épaisse pulpe et le suc des muscats
ruisselant du toit par mille lourdes grappes.

Flûte, je dirai le secret épicé
d’un poivrier bleu que la brise a bercé ;
je dirai les sons, les lueurs embuées,
l’espace inquiet peuplé de mouvements
vagues, de frissons futiles et charmants,
de bruissements, d’images, de nuées.

Flûte, je dirai le svelte javelot
des ifs ; je dirai l’eau qui sommeille et l’eau