Page:Mirages-Renée de Brimont-1919.djvu/98

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Or je l’ai laissée au bord de la route ;
elle sera morte, morte sans qu’on s’en doute…
Nul n’aura suivi son léger cercueil blanc.

Depuis, elle revient avec l’ombre morose
des crépuscules de cendre et de deuil
qui nous font frissonner un peu, sans cause :
Elle hésite avant de franchir mon seuil…
Elle effeuille sous mes pas des roses,
et son regard furtif me suit…
Elle sourit à peine, elle repart sans bruit…
Me reproche-t-elle quelque chose ?

Et voilà pourquoi, belles Princesses de légende
aux doigts tendres, aux cheveux longs et doux,
je ne saurais pleurer sur vous.
La Mort vous apporte encore des guirlandes,
et vos linceuls brodés sont jonchés d’offrandes,
et votre temple est toujours visité…
Moi, je pleure le chant qu’on n’a pas écouté
de mon âme d’enfant, Princesse de clarté.