Page:Mirbeau - À cheval, Messieurs, paru dans L’Aurore, 05 janvier 1899.djvu/7

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— Il se passe, jeune homme, que, pour protester contre l’évidente, obstinée et criminelle innocence d’un misérable juif, et pour parer aux dangers incalculables que cette innocence sacrilège fait courir à de glorieux faussaires, espions et traîtres, tous bons catholiques et féaux défenseurs de l’honneur de l’armée, l’Académie française, instituée en ligue patriotique, a décidé de se mettre en état de siège et même en état de Saint-Siège. Et tel est l’uniforme que nous avons adopté… Il est héroïque, mais encore incomplet… Il nous manque le cheval !… Nous l’aurons dans quelques jours… Car notre intention, dont le nationalisme ne peut échapper à personne, est de tenir, désormais, nos séances, à cheval… Le cheval, jeune homme, sera, maintenant, notre dictionnaire !…