Page:Mirbeau - Autour de la Colonne, paru dans l’Écho de Paris, 3 mars 1891.djvu/6

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Deuxième monsieur

Vraiment ? Rien ne m’étonne plus.

Premier monsieur

Heureusement que la presse veillait !… Elle l’a découverte !… Ah ! c’est qu’elle est patriote aussi la presse ! Et on ne lui en conte pas à la presse !…

Deuxième monsieur

Mais quelle conspiration ?

Premier monsieur

Voilà !… J’ai lu cela dans mon journal… L’empereur d’Allemagne se moquait des nymphes, des couchers de soleil, des vaches, des Bretonnes !… Ce qu’il voulait c’étaient les soldats français de Detaille !

Deuxième monsieur

Je vous vois venir !… Continuez…

Premier monsieur

Il voulait des soldats français de Detaille !… Il avait déjà désigné les places qu’ils devaient occuper… Alors, le jour du vernissage, il serait venu, accompagné de de Moltke, de Valdersee, de tous ses généraux, et il aurait insulté les soldats français de Detaille ; il aurait craché dessus… Peut-être même, les eût-il fait fusiller ! On a vu cela !… La presse a donné l’éveil de la conspiration… Vous comprenez, maintenant !

Deuxième monsieur

Si je comprends !… Parbleu, c’est clair !

Premier monsieur

Et savez-vous aussi pourquoi l’impératrice Frédéric est allée visiter l’atelier de Guillaume Dubufe ?