Page:Mirbeau - Chez l’Illustre écrivain, 1919.djvu/20

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moque », ce ne serait pas assez dire… C’est « je m’en fous » qui est l’expression véritable ! Que monsieur cherche dans son Boissière s’il y en a une autre !…

L’illustre Écrivain. — Ah ! tu es un juge sévère, Joseph !

Le Valet de chambre. — C’est la faute de monsieur !… Pourquoi monsieur est-il toujours aussi impeccable !… Les adultères de monsieur, c’est la perfection !… Il n’y a rien à y reprendre, ni dessus, ni dessous… Des chefs-d’œuvre d’exactitude !… Et quand l’exactitude concorde avec l’émotion… c’est le génie !… Ce qui est vraiment épatant, chez monsieur, c’est que les cravates, les bottines, les gilets, les pantalons des personnages de monsieur sont toujours d’accord avec les sentiments, les passions, et même les pensées qui les animent !… Tandis que chez M. Byronnet, jamais… jamais un vêtement ne correspond à un mouvement de l’âme… Les personnages de M. Byronnet… ce sont de pures marionnettes… Ils n’ont jamais la chemise de leur état d’âme… Ça n’est pas humain… Or, moi, je l’avoue à monsieur, en littérature, c’est l’humanité seule qui m’intéresse… Le reste… c’est du battage !… Et je m’en fous !…

L’illustre Écrivain. — Pourtant… voyons, Zola ?…

Le Valet de chambre. — Je m’en fous !

L’illustre Écrivain. — Et Flaubert ?