Page:Mirbeau - Dans le ciel, paru dans L’Écho de Paris, 1892-1893.djvu/62

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Mon autre sœur vint ensuite, et, câline, elle aussi :

— Je comprends, fit-elle, que tu n’aies pas accepté ses propositions… Mais moi, je n’ai jamais été méchante pour toi… Je t’ai toujours bien aimé, moi… Viens chez moi… Tu seras dorloté, on ne t’ennuiera jamais… tu feras ce que tu voudras… Et tu ne nous donneras que cent francs par mois…

Le dégoût me souleva le cœur…

— Allez-vous en ! criai-je… Allez-vous en !… Vous êtes laide !… laide, laide !… allez-vous en !… Ah ! que je vous déteste !…

Et lorsque je demeurai tout seul, dans la grande maison vide, vendue comme le reste, et que je devais quitter le lendemain, une grande peur me saisit :

— Que vais-je devenir ? gémis-je, en me laissant tomber sur le parquet.

Et je sanglotai toute la nuit, en répétant, tout haut :

— Que vais-je devenir ?… Que vais-je devenir ?