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Page:Mirbeau - Eugène Carrière, paru dans l’Écho de Paris, 28 avril 1891.djvu/2

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EUGÈNE CARRIÈRE


Les artistes — j’entends les vrais artistes — comprennent mieux, de jour en jour, la malfaisance de ces laides et barbares cohues, qu’on appelle des Salons de peinture. Ils s’en écartent, comme d’un mauvais lieu, ils les fuient avec une sorte de pudeur que, pour mon compte, j’apprécie fort. Aussi, voyons-nous avec plaisir se multiplier les expositions particulières. Elles sont une menace contre l’existence d’institutions décriées et vétustes, obligées, pour se soutenir encore et s’illusionner, de faire appel à toutes les extériorités du snobisme mondain. Elles ont surtout ce mérite qu’elles nous montrent un artiste, dans l’ensemble de son œuvre, dans l’harmonie de sa pensée, dans la suite de ses progrès. Tous les peintres qui, actuellement, ont une signification réelle, et résument l’art de notre temps, comme Claude Monet, Renoir, Degas, Pissarro, Odilon Redon, Gauguin, et tant