Page:Mirbeau - L’Abbé Jules, éd. 22, Ollendorff.djvu/207

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femme blessée par le départ inconvenant de l’abbé. Elle se repentait d’avoir revêtu, pour lui, sa robe de moire antique, sa robe des fêtes solennelles, étalé ses bijoux, étrenné une coiffure qui cachait, sous une boîte de fleurs, les places dénudées de son horrible crâne eczémateux. Elle ne prononça pas un mot, la tête de trois quarts, et secoua sa longue chaîne d’or entre le pouce et l’index, avec des gestes de guitariste.

Tandis que les trois hommes, muets et graves, se chauffaient assis, devant la cheminée du salon, oubliant leur café servi et fumant, Mme  Robin attira ma mère dans l’embrasure de la fenêtre, et tout bas, avec des réticences dans la voix et de la complicité dans le regard.

— Et vous ne savez rien ?… questionna-t-elle… rien ?

Ma mère haussa les épaules et dit :

— Il n’avait même pas de bagages !… Un méchant sac de nuit !… Ah ! je m’en doutais bien, allez !