Page:Mirbeau - L’Abbé Jules, éd. 22, Ollendorff.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fondue, mêlée au parfum de l’encens, nous prit à la gorge.

— Dépêchons-nous, dit mon oncle au bedeau, qui s’inclinait respectueusement.

Celui-ci était un petit homme, pâle, rond, très propre, aux longs cheveux plats collés sur les tempes, à la mine affable et sournoise qu’ont les frères lais des couvents. Il était pâtissier de son état, adjudicataire des boues de la ville, de l’octroi du marché et des chaises de l’église. Dans les grandes occasions, il servait à table, chez le curé. Ponctuel, méticuleux, connaissant à merveille tous les rites des sacrements, Baptiste Coudray était un bedeau distingué, si distingué qu’on l’honorait presque autant qu’un vicaire. Il parlait très bas, très lentement, en termes toujours choisis et bienveillants… Il avait déjà préparé sa boîte, allumé la lanterne rouge à long manche, que je devais porter.

— J’ai cru devoir mettre une nappe de communion dans la boîte, expliqua-t-il… Ces gens-là n’en ont peut-être pas de convenable pour le saint viatique.

— Mettez ce que vous voudrez !… Dépêchons-nous ! répondit mon oncle.

Et pendant qu’aidé par le bedeau, il revêtait le surplis, puis l’étole :

— Où donc est le curé ? demanda-t-il.

— Monsieur le curé est à Saint-Cyr-la-Rosière, en conférence.

— Et le vicaire ?