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III


Avant de poursuivre mon récit, on me permettra de faire un retour dans le passé de l’abbé Jules, et d’évoquer cette étrange figure, d’après les souvenirs personnels que j’en ai, d’après les recherches passionnées auxquelles je me livrai chez les personnes qui le connurent et dans les divers milieux qu’il habita.


Ma grand-mère était certainement la femme la plus aimée, la plus respectée de toutes les femmes de Viantais. Je puis dire, sans exagération, qu’on la vénérait comme une sainte. Elle se montrait d’une infinie douceur envers tout le monde ; sa charité pour les pauvres était inépuisable. Fille de paysans, elle avait fidèlement conservé la tenue des paysannes, bien que son mariage lui donnât un rang dans la