Page:Mirbeau - La Pipe de cidre.djvu/118

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l’insolite pompe de ces funérailles, qui rappelaient celles de M. Thiers, en petit. On sentait que quelque chose de national planait au-dessus des liturgies plus humbles et des cortèges moindres.

Après avoir, d’une voix ânonnante et consécratoire, célébré toutes les vertus privées de Monsieur Quart, M. le maire, en veine d’éloquence, conclut comme suit :

« Il ne m’appartient pas, Mesdames et Messieurs, de juger la vie de Monsieur Quart. D’autres, plus autorisés que moi, rendront à cet admirable concitoyen ce mérité et suprême hommage. Si Monsieur Quart, que nous pleurons tous, ne se signala jamais à la reconnaissance de ses compatriotes et de la Ville que, grâce à votre confiance, j’ai l’honneur d’administrer, par des libéralités matérielles, des actes directs de bienfaisance, ou par l’éclat d’une intelligence supérieure et l’utilité d’une coopération quelconque — pécuniaire ou morale — au développement de notre petite vie municipale, qu’il me soit permis néanmoins — et je crois être l’interprète des sentiments unanimes de notre chère population — qu’il me soit permis, dis-je, de rendre à la mémoire de Monsieur Quart la justice qui lui est due !

« Oui, Messieurs, Monsieur Quart, en qui je veux voir plus qu’un homme, — un principe