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Page:Mirbeau - La Pipe de cidre.djvu/123

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donc que les pauvres économisent ?… Ils boivent, mon cher Monsieur, ils boivent votre argent !… Moi, je n’ai jamais rien donné… Jamais je ne donnerai rien… » Il avait de ces paroles profondes !…

Le temps laissé à l’admiration, il ajouta :

— En effet, Quart conforma rigoureusement sa conduite et ses principes de morale sociale… Il ne donna jamais rien… On lui prit tout… les Lots turcs, le Panama et d’autres choses !… Il est mort ruiné !… S’il avait vécu plus longtemps, nous eussions été obligés de le prendre à l’hospice, comme un indigent !… Quelle admirable existence !…

Nous étions arrivés devant la porte du maire, qui, me serrant la main, conclut mélancoliquement :

— Gambetta a dit que les temps héroïques étaient passés !… Eh bien ! il ne savait pas ce que c’est qu’un petit rentier.