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Page:Mirbeau - La Pipe de cidre.djvu/219

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— Voyons !… parle donc !… Es-tu bête !… Es-tu empoté !

Et, tout à coup, comme poussée par un ressort, elle se levait, piétinait la terre avec impatience et me lançait un vigoureux soufflet.

— Tiens ! attrape !… Tu es un sot !… tu es une petite bête… une vilaine petite bête…

Et elle partait vivement, étouffant dans sa course le bruit d’un sanglot…

Un après-midi, nous étions assis sur le banc, dans la salle de verdure, ma cousine et moi.

Il faisait très chaud ; de lourdes nuées d’orage s’amoncelaient dans l’Ouest.

— Pourquoi regardes-tu Mariette avec des yeux comme ça ?… me demanda brusquement ma cousine.

Mariette était une petite bonne que nous avions alors, et dont j’aimais, il est vrai, sans y mêler de coupables pensées, la peau fraîche et blanche, et la nuque blonde.

— Mais, je ne regarde pas Mariette, répondis-je, étonné de cette question.

— Je te dis que tu la regardes… Je ne veux pas que tu la regardes… C’est très mal… Je le dirai à ta mère…

— Je t’assure, ma cousine, insistai-je…

Je n’eus pas le temps d’achever ma phrase…

Enlacé, étouffé, broyé par mille bras, on eût dit, dévoré par mille bouches, je sentis l’ap-