Le père Valentin chancela sur son échelle… Je crus qu’il allait tomber…
— Vous ne me gardez plus… monsieur Paul ? bégaya-t-il… Vous n’êtes plus content de moi ?… Je vous ai peut-être fait du tort ?…
— Non, père Valentin… mais il faut vous en aller, il faut vous en aller tout de suite !… tout de suite !
Jamais je ne reverrai, sur une figure humaine, l’expression de douloureuse tristesse dont se martyrisa la figure du vieil homme.
— Bien… bien !… monsieur Paul, fit-il le corps secoué d’un frisson… Je serai parti demain… Ah ! pauv’ monsieur Paul !
Je sentais les larmes me venir aux yeux :
— Pourquoi dites-vous ce : « Pauv’ monsieur Paul ! », père Valentin ?…
Mais le bonhomme ne répondit pas. Il descendit de son échelle, ramassa son sécateur, et partit.
Le soir même de ce triste jour, ma femme avait pris possession de la maison, de l’écurie, du bûcher, du poulailler, de la remise, des greniers. Et, partout, son regard avait dit aux choses, soumises et domptées, comme je l’avais été moi-même :
— Il n’y a plus qu’un maître, ici, et ce maître, c’est moi !… Fini de rire, mes amis !