Aller au contenu

Page:Mirbeau - La Pipe de cidre.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Conte polynésien


Un matin, le fil spécial de l’Aurore-Télégramme annonçait à ses nombreux lecteurs que S. Exc. le colonel Thaoorawa allait venir à Paris pour resserrer au nom de Sa Majesté constitutionnelle, David Kalakaua, roi des îles Sandwich, les liens d’amitié qui, depuis les massacres d’Honolulu, unissent si étroitement la France et la Polynésie.

On sait en quoi consiste cette opération diplomatique.

Un monsieur, généralement nègre, souvent tatoué et toujours couvert de bijoux étranges, débarque au Grand-Hôtel avec fracas. Une suite nombreuse l’accompagne. Conduit par M. Mollard, il va présenter ses devoirs à M. Jules Grévy ; puis, après quelques salamalecs échangés, le monsieur file vers le Bois, où il fait la connaissance d’une horizontale qui, lui ayant juré un amour éternel, l’emmène aussitôt chez Bou-