à Paris, fut invité, accepta l’invitation. Dans les journaux on ne parlait que de Son Excellence, à raison de vingt francs la ligne, que le président du cercle payait joyeusement, en calculant tout ce que cela lui rapporterait. Les légendes les plus incroyables se formèrent autour de ce personnage exotique, qui marchait sur nos boulevards, suivi d’une armée de reporters, et dans une gloire pareille à celle qui illumine le front terrible des anciens dieux polynésiens, mangeurs de femmes et tueurs de petits enfants.
Le jour du grand banquet arriva enfin. En metteur en scène consommé, le président avait fait les choses admirablement. Le cercle était décoré avec un mauvais goût criard tout à fait exquis : partout des fleurs et des drapeaux bizarres et des plantes en zinc qui s’épanouissaient dans des vases prodigieux ; sur les murs, des tableaux inouïs, qu’on eût dit achetés par M. Turquet et peints par M. Flameng. La salle à manger présentait un aspect féerique, ainsi que l’avait remarqué un poète, récemment couronné par l’Académie.
Les présentations terminées, on se mit à table et chacun put examiner à loisir S. Exc. le colonel Thaoorawa, qui souriait de ses dents blanches, mangeait comme un ogre et buvait des pleins verres de fine champagne, suivant l’usage de son pays.