Page:Mirbeau - La Vache tachetée.djvu/264

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du trou. Les graines plumeuses des clématites s’accrochaient à sa chevelure.

— Penche-toi encore.

D’une main, elle se retint à un gros sarment de ronces… Un peu de sang rougit sa main.

— Encore !

Sa chevelure pendait dans le vide, comme des algues dans l’eau. Elle avait la moitié du corps engagé dans le vide de l’abîme.

— Entends-tu ?

— Non, dit-elle.

— Écoute !

M’étant penché moi-même, d’une voix lente, d’une voix chantante, je dis :

Connais-tu… le pays…

Et l’abîme répondit, en écho :

Connais-tu… le pays…

— Entends-tu ?

— Oui ! dit Marie.

— Et reconnais-tu sa voix ?

— Je la reconnais, fit-elle.

Sa tête avait presque disparu dans l’abîme.

— Veux-tu le rejoindre, Marie ?

— Je veux bien !

— Adieu Marie !

— Ad…