— C’est une colonne commémorative.
— Commémorative… de quoi ? insista le passager.
— Commémorative d’un des plus fameux événements dont parle l’histoire, répondit le cotonnier, non sans orgueil…
Et comme le passager ouvrait des yeux béants d’attention, le cotonnier déclara :
— C’est là, monsieur que Napoléon débarqua, à son retour de l’Île d’Elbe, sous Louis-Philippe.
Le passager sursauta. Mais il était timide :
— Ah ! Vraiment !… dit-il… En effet, je me rappelle… Mais ne confondez-vous pas Napoléon avec ses cendres ?… Parce que, Napoléon, à son retour de l’Île d’Elbe, il me semble bien, débarqua…
D’un mouvement brusque, le cotonnier enfonça sur sa tête son casque dont le voile flottait dans le vent.
— Dites-donc, vous ?… Regardez-moi bien… Ai-je l’air d’un homme qui confond ?… Quand je vous dis que Napoléon a débarqué là, c’est qu’il a débarqué là… Suis-je du pays, oui ou non ?…
Un drapier qui avait saisi la conversation, intervint, conciliateur et poli :
— Le fait est exact, monsieur… Napoléon a bien débarqué ici… Et même j’ose dire que, si au lieu de débarquer au Val-de-la-Haye, il eût