Page:Mirbeau - Le Comédien, paru dans Le Figaro, 26 octobre 1882.djvu/4

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qui, les yeux béants, s’écrase le nez aux vitrines des marchands de photographies, tout le monde, en chœur, chante la gloire du comédien. Alors qu’un artiste ou qu’un écrivain met vingt ans de travail, de misère et de génie à sortir de la foule, lui, en un seul soir de grimaces, a conquis la terre. Il s’y promène, en roi absolu, au bruit des acclamations, sa face grimée et flétrie par le fard ; il y étale ses costumes de carnaval et ses impudentes fatuités. Et de fait il est roi, le comédien. Avec le bois pourri de ses tréteaux il s’est bâti un trône, ou plutôt