Page:Mirbeau - Le Comédien, paru dans Le Figaro, 26 octobre 1882.djvu/5

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le public — ce public de décadents que nous sommes — lui a bâti un trône. Et il s’y pavane, insolent ; il s’y vautre, stupide, se faisant un sceptre du bec usé de sa seringue, et couronnant sa figure d’eunuque vicieux d’une ridicule couronne de carton peint. Cet être, autrefois rejeté hors de la vie sociale, pourrissant, sordide et galeux, dans son ghetto, s’est emparé de toute la vie sociale. Ce n’est point assez de la popularité dont on l’honore, des richesses dont on le gorge. En échange des mépris anciens, on lui rend les honneurs natio-