Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/139

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une cage… Toutes les terreurs, toutes les tortures humaines, je les ai vues… C’était très beau !… Mais je n’ai rien vu de si beau… comprends-tu ?… que ces forçats chinois… c’est plus beau que tout !… Tu ne peux pas savoir… je te dis que tu ne peux pas savoir… Annie et moi, nous ne manquions jamais un mercredi… Viens, je t’en prie !

— Puisque c’est si beau, ma chère Clara… et que cela vous fait tant de plaisir… répondis-je mélancoliquement… allons donner à manger aux forçats…

— Vrai, tu veux bien ?…

Clara manifesta sa joie, en tapant dans ses mains, comme un baby à qui sa gouvernante vient de permettre de torturer un petit chien. Puis elle sauta sur mes genoux, caressante et féline, m’entoura le cou de ses bras… Et sa chevelure m’inonda, m’aveugla le visage de flammes d’or et de grisants parfums…

— Que tu es gentil… cher… cher amour… Embrasse mes lèvres… embrasse ma nuque… embrasse mes cheveux… cher petit voyou !…

Sa chevelure avait une odeur animale si puissante et de si électriques caresses que son