Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/233

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ment voulez-vous que je ne sois pas humilié ?…

— Pouvez-vous nous le décrire ?…

— Si je le puis ?… Mais parfaitement oui, je le puis… Je vais vous l’expliquer, et vous jugerez… Suivez-moi bien…

Et le gros homme, avec des gestes précis qui dessinaient, dans l’air, des formes, parla ainsi :

— Vous prenez un condamné, charmante milady, un condamné, ou tout autre personnage — car il n’est pas nécessaire, pour la réussite de mon supplice, que le patient soit condamné à n’importe quoi — vous prenez un homme, autant que possible, jeune, fort, et dont les muscles soient bien résistants… en vertu de ce principe que plus il y a force, plus il y a lutte, plus il y a lutte, plus il y a douleur !… Bon… Vous le déshabillez… Bon… Et, quand il est tout nu — n’est-ce pas, milady ? — vous le faites s’agenouiller, le dos courbé, sur la terre, où vous le maintenez par des chaînes, rivées à des colliers de fer qui lui serrent la nuque, les poignets, les jarrets et les chevilles… Bon ! je ne sais si je me fais bien comprendre ?… Vous mettez alors, dans un grand pot percé, au fond, d’un petit trou — un pot de fleurs, milady ! —