Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/237

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dez… Le rat pénètre, par où vous savez… dans le corps de l’homme… en élargissant de ses pattes et de ses dents… le terrier… Ah !… ah !… ah !… le terrier qu’il creuse frénétiquement, comme de la terre… Et il crève étouffé, en même temps que le patient, lequel, après une demi-heure d’indicibles, d’incomparables tortures, finit, lui aussi, par succomber à une hémorragie… quand ce n’est pas, à l’excès de la souffrance… ou encore à la congestion d’une folie épouvantable… Dans tous les cas, milady… et quelle que soit la cause finale à cette mort, croyez que c’est extrêmement beau !…

Satisfait, avec des airs d’orgueil triomphant, il conclut :

— Est-ce pas extrêmement beau, milady ? N’est-ce pas là, véritablement, une invention prodigieuse… un admirable chef-d’œuvre, en quelque sorte classique, et dont vous chercheriez, vainement, l’équivalent, dans le passé ?… Je ne voudrais pas manquer de modestie, mais convenez, milady, que les démons qui, jadis, hantèrent les forêts du Yunnan, n’imaginèrent jamais un pareil miracle… Eh bien, les juges n’en ont pas