Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/256

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tants s’ornaient d’inscriptions dorées et de masques terrifiants. Quatre hommes, nus jusqu’à la ceinture, les muscles bandés, la peau distendue jusqu’à n’être plus qu’un paquet de bosses difformes, tiraient sur la corde de la poulie et c’est à peine si leurs efforts rhythmiquement combinés parvenaient à ébranler, à soulever la pesante masse de métal qui, à chaque secousse, exhalait un son presque imperceptible, ce son doux, pur, plaintif que nous avions entendu tout à l’heure, et dont les vibrations allaient se perdre et mourir dans les fleurs. Le battant, lourd pilon de fer, avait, alors, un léger mouvement d’oscillation, mais n’atteignait plus les parois sonores, lasses d’avoir si longtemps sonné l’agonie d’un pauvre diable. Sous la coupole de la cloche, deux autres hommes, les reins nus, le torse ruisselant de sueur, sanglés d’une étoffe de laine brune, se penchaient sur quelque chose qu’on ne voyait pas… Et leurs poitrines dont les côtes saillaient, leurs flancs maigres soufflaient comme ceux des chevaux fourbus.

Tout cela se distinguait vaguement, un peu confus, un peu brouillé, se rompait