Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


IX


Et voilà que la journée finit.

Le ciel devient rouge, traversé de larges bandes smaragdines, d’une surprenante translucidité. C’est l’heure où les fleurs prennent un éclat mystérieux, un rayonnement violent et contenu à la fois… Partout, elles flambent comme si, le soir, elles rendaient à l’atmosphère toute la lumière, tout le soleil dont leur pulpe s’imprégna durant le jour. Les allées de brique pulvérisée semblent, entre le vert exalté des pelouses, ici, des rubans de feu, là, des coulées de lave incandescente. Les oiseaux se sont tus dans les branches ; les insectes ont cessé leur bourdonnement, meurent ou s’endorment. Seuls les papillons nocturnes et les chauves-souris commencent de circuler dans l’air.