Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/326

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petite, près de toi… toute petite, toute petite… et toute blanche, blanche comme ces petites hirondelles des contes chinois… tu sais bien… ces petites hirondelles…

Elle ne prononçait — à peine si elle les prononçait — que de petits mots… de petits mots de pureté, de blancheur… Sur ses lèvres, ce n’était que petites fleurs, petits oiseaux, petites étoiles, petites sources… et des âmes, et des ailes, et du ciel… du ciel… du ciel…

Puis, de temps en temps, interrompant son gazouillement, elle me serrait la main, plus fort, appuyait, pelotonnait sa tête contre la mienne, et elle disait, avec plus d’accent :

— Oh ! mon chéri !… plus jamais, je te le jure !… Plus jamais, plus jamais… plus jamais !…

Ki-Paï s’était retirée, au fond de la chambre. Et, tout bas, elle chantait une chanson, une de ces chansons qui endorment et bercent le sommeil des petits enfants.

— Plus jamais… plus jamais… plus jamais !… répétait Clara, d’une voix lente, d’une voix qui allait se perdant, se fondant dans la chanson de plus en plus lente aussi de Ki-Paï.