Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partie de l’Australie — je n’en connais pas de plus amusant que le Tonkin… Ainsi, vous croyez, peut-être, avoir vu des poules ?

— Oui, je le crois.

— Erreur, mon cher monsieur… vous n’avez pas vu de poules… Il faut aller au Tonkin, pour cela… Et encore, on ne les voit pas… Elles sont dans les forêts et se cachent dans les arbres… On ne les voit jamais… Seulement, moi, j’avais un truc… Je remontais les fleuves, en sampang, avec un coq dans une cage… Je m’arrêtais au bord de la forêt, et j’accrochais la cage au bout d’une branche… Le coq chantait… Alors de toutes les profondeurs du bois, les poules venaient… venaient… Elles venaient par bandes innombrables… Et je les tuais !… J’en ai tué jusqu’à douze cents dans la même journée !…

— C’est admirable !… proclamai-je, enthousiaste.

— Oui… oui… Pas autant que les paons, toutefois… Ah ! les paons !…

Mais il n’était pas que chasseur ce gentilhomme : il était joueur aussi. Bien avant que nous fussions en vue de Naples, les deux Chinois, le tueur de paons et moi avions établi