Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/92

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— Très joli, en effet ! approuva le capitaine, visiblement flatté… très poétique !…

— On dirait, n’est-ce pas ?… on dirait d’un nom de fée dans une comédie de Shakespeare… La fée Dum-Dum !… cela m’enchante… Une fée rieuse, légère et toute blonde, qui sautille, danse et bondit parmi les bruyères et les rayons de soleil… Et, allez donc, Dum-Dum !

— Et allez donc !… répéta l’officier… Parfaitement ! Elle va d’ailleurs très bien, adorable miss… Et ce qu’elle a d’unique, je crois, c’est qu’avec elle… il n’y a, pour ainsi dire, plus de blessés.

— Ah !… ah !…

— Il n’y a plus que des morts !… Voilà par où elle est vraiment exquise !

Il se tourna vers moi, et avec un accent de regret, dans lequel se confondaient nos deux patriotismes, il soupira :

— Ah ! si vous l’aviez eue, en France, au moment de cette affreuse Commune !… Quel triomphe !…

Et passant brusquement à une autre songerie :

— Je me demande parfois… si ce n’est point un conte d’Edgar Poë, un rêve de notre