Page:Mirbeau - Les Écrivains (deuxième série).djvu/11

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l’Armature, c’est le déflorer maladroitement. Il y fourmille tant de personnages dont le plus effacé comporte, par la nuance d’humanité qu’il représente, une valeur psychologique considérable ; il se rencontre tant d’épisodes, tragiques ou gais, voluptueux ou amers, qui se relient par des liens nécessaires et harmonieusement disposés, à l’action générale du drame, qu’il serait, en outre de la difficulté, périlleux de resserrer une analyse, forcément incomplète, entre les trop étroites limites d’un article de journal. Et puis, comme tous les grands ensembles, le livre de M. Paul Hervieu vaut surtout par la multiplicité, la variété des détails ingénieux et forts, la puissance de l’observation, l’analyse redoutable, l’enchaînement des causes qui mènent au drame, à la catastrophe, la façon dont il précise, avec la haute impersonnalité d’un homme de science, le fonctionnement des organes sociaux et du mécanisme humain qui y correspond et s’y emboîte. Il vaut par la perfection du style, d’une souplesse, d’une plasticité admirables, et par l’évocation suprêmement artiste des choses, qui rend tangible la vie cachée, la vie secrète, la vie profonde, où apparaît, dépouillée de tout le mensonge qui la recouvre, la hideuse armature humaine. Toutes choses qu’on est obligé de négliger dans un froid compte rendu.

Tout au plus, pourrai-je détacher de cette série de portraits, sans trop de risques, la prin-