Page:Mirbeau - Les Écrivains (première série).djvu/144

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dont la naïveté me navre, quelques-uns des moyens les plus utilement employables. Ils dérivent tous d’une nouvelle opération de l’esprit que nos meilleurs psychologues ont baptisée de ce nom : « le déquintuplement » . C’est à la portée de tout le monde, quand on a beaucoup de courage et une absence complète de dégoût. Auparavant je crois utile de poser un axiome d’où découle toute la philosophie de la réclame moderne :

Le ridicule n’existe pas. Ceux qui, pénétrés de cette vérité, osèrent le braver en face, conquirent le monde.

Pour être un véritable écrivain, la première condition est, non point de dérober sa vie jalousement à la curiosité du public, mais de l’ouvrir toute grande, de permettre qu’on y entre, non seulement par la porte, mais par les fenêtres, par les lucarnes, par les soupiraux, par les fentes des murs. Il est indispensable que votre mobilier soit minutieusement décrit, tous les trois mois, et, chaque fois, différemment. Naturellement, ce ne seront que meubles de prix, d’une incomparable ancienneté, bibelots rares, étoffes suggestives, souvenirs de voyage, cadeaux qui font rêver, toutes choses d’ailleurs que vous n’avez pas. Vos tableaux — qui ne sont pour la plupart que de méchantes photographies — seront signés Rembrandt,