été surpris et véritablement charmé d’apprendre, de la propre bouche d’un opportuniste, que la politique était un art, lequel était une source, laquelle était le bonheur, lequel était à nous. Et longtemps, j’ai rêvé devant cette suite de mystérieux enchaînements.
Ainsi M. Emmanuel Arène, M. Joseph Reinach, M. Terreil-Mermeix, M. Paul de Cassagnac, M. Constans, M. Léon Say travaillaient à mon bonheur. Ils creusaient le roc dur des préjugés, des routines, des injustices, ils piochaient, foraient, taraudaient, minaient sans relâche, pour faire jaillir du sol une source, une grande source, une source miraculeuse et cordiale, où je puisse me baigner. Ils expérimentaient des joies nouvelles, observaient des félicités inconnues, afin de m’en nourrir, de m’en gaver. Ne pensant pas à eux, résignés et paternels, chaque matin, ils se demandaient : « Voyons, quel bonheur vais-je inventer pour lui, aujourd’hui ? » La nuit, penchés sur mon sommeil, ils me couvraient de leurs ailes, comme font les anges gardiens, et ils murmuraient : « Es-tu vraiment heureux ?… Te manque-t-il quelque chose à quoi nous n’ayons pas pensé ?… Souhaites-tu un bonheur que nous ne t’ayons pas donné ? »
Et ce n’est pas tout.
Du fond ténébreux de l’Histoire, du fond de ces silencieux espaces où dorment les siècles morts, j’aurais dû entendre des voix, des voix lointaines et attendries qui me disaient :