Page:Mirbeau - Les Écrivains (première série).djvu/179

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et nouvelle ; plus que cela : véritablement visionnaire.

Le sujet de La Princesse Maleine est pareil au sujet des contes que content, le soir, aux petits enfants, les nourrices. C’est l’histoire d’une petite princesse, fille de roi, fiancée à un prince, fils de roi, et qui, après une suite d’incroyables malheurs, meurt étranglée par une méchante reine. Devant l’absolue beauté de cette œuvre, je ne puis rien dire de plus. Pour prouver que je n’ai rien exagéré dans mon admiration, il faudrait citer, citer encore, n’importe quelle scène, au hasard, car toutes offrent des surprises et d’incomparables grandeurs. À mon regret, cela m’est impossible. Je me contenterai de reproduire la dernière scène qui donnera une idée de ce qu’est ce drame en son entier.

La princesse Maleine est morte, étranglée par la reine Anne, et le vieux prince, Hjalmar, a été forcé par sa femme d’assister à l’étranglement et d’y aider. Son fils, fiancé à Maleine, l’a vengée en tuant la reine Anne, et lui-même s’est poignardé. Il ne reste plus rien au vieux Hjalmar, rien que ces trois cadavres et l’horreur de cette nuit de meurtre.

LE ROI

Oh oh oh ! Je n’avais plus pleuré depuis le déluge… Mais maintenant je suis dans l’enfer jusqu’aux yeux. Mais regardez leurs yeux… Ils vont sauter sur moi comme des grenouilles.

ANGUS

Il est fou.