Page:Mirbeau - Les Écrivains (première série).djvu/41

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mackers, la littérature sera obscène ou elle ne sera pas. Ce Kistemackers est un crâne bonhomme.

Je n’ai point lu le livre de M. Desprez et ne le lirai pas. Ces choses-là ne m’intéressent nullement. Quand, sur une route, je rencontre une ordure étalée, je l’évite ; quand je vois certains noms en tête de certains livres, je passe rapidement en me bouchant le nez. M. Catulle Mendès, M. Maizeroy, Mme de Martel, et Mlle Colombier ont le don de me faire prendre la fuite. Ils ont beau dire : « Joli jeune homme, écoutez donc », je n’écoute pas. Outre que les petites histoires de ces éminents pornographes ne me dépravent pas du tout, elles m’ennuient considérablement. Je ne sais rien de bête, comme ces aventures écrites avec l’eau sale des bidets, et je pense qu’il faut vraiment avoir du temps de reste et une bien pauvre imagination pour se monter le cerveau avec ces récits de corps de garde ou de maison publique. Mais c’est un goût, ou plutôt un dégoût particulier que j’ai comme cela. Le public, malheureusement, n’est pas ainsi. On le voit bien aux éditions qui s’enlèvent, et plus il sait trouver en un livre de saletés, plus il y flaire d’ordures, et plus il l’achète.

M. Catulle Mendès, pour ne parler que de lui aujourd’hui, n’a vraiment de succès et ne gagne vraiment de l’argent que depuis qu’il nous roule dans les draps de lit de ses héroïnes, et qu’il nous les montre dans des positions que