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Page:Mirbeau - Les Écrivains (première série).djvu/45

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DÉCORATIONS


Maginard ne quitte pas les antichambres des ministres ; tous les huissiers le connaissent et sont avec lui d’une familiarité qui pose tout de suite un homme. Dans les ministères et les grandes maisons de banque, rien n’est plus recherché que l’amitié d’un huissier, et le nombre des bassesses qu’on a faites pour l’obtenir est incalculable. On dirait que l’huissier porte en lui un peu de la puissance du maître. On plaisante avec lui et, quand on a pu dérider sa gravité et tenter un tutoiement timide, il semble que vous ayez conquis la fortune. D’ailleurs les huissiers mesurent leur bienveillance à la bienveillance du maître ; ils ne la donnent qu’à bon escient et ne la laissent jamais traîner sur des solliciteurs pauvres et des gens qui viennent demander justice.

Les huissiers appellent Maginard « Mon