Page:Mirbeau - Les Écrivains (première série).djvu/93

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Claudin, s’en allait, écrasé par tant de prodigieux esprit, et il clamait à tous les vents de la chronique : « Ah ! ce Roqueplan, quel génie ! » M. Roqueplan eût souhaité de varier la plaisanterie en y faisant participer les autres arbres, mais le marronnier était le seul arbre dont il sût le nom, à cause de celui du 20 mars, sans soute, qui excitait la verve des chroniqueurs de ce temps-là, qui sont les chroniqueurs de ce temps-ci, heureusement. Peut-être aussi, croyait-il que les marrons poussaient tout rôtis sur les plaques de tôle percée des Auvergnats : il croyait à tant de choses, ce sceptique. Deux fois, il fut obligé de sortir de Paris, et il fut tellement irrité, tellement froissé, tellement outragé dans sa supériorité et dans son élégance maquillée de Parisien, par la vue odieuse des arbres, qui n’étaient pas en zinc, des fleurs qui n’étaient pas en papier, des mers qui n’étaient pas en percaline verte, des moissons, des horizons qui n’étaient pas peints à la détrempe sur des rouleaux de toile, qu’il se mit à invectiver la nature, à la cribler de pauvres sarcasmes, à la traiter enfin comme une vieille actrice qui a cessé de plaire aux avant-scènes. À ces pratiques, où l’on reconnaît plus de naïveté encore que de perversité, il gagna une illustration qui dure encore.

M. Nestor Roqueplan a fait beaucoup d’élèves. Ce sont, pour la plupart, des gens excessivement