Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/190

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— Je te lègue Parsifal… Parsifal n’est pas un chien, comme tu pourrais croire… C’est un député de ma bande… Il représente ma politique, dans le Nord-Nord-Ouest… Je te dis cela, parce que tu n’es pas très au courant de mes petites affaires, hé !…

L’illustre homme d’État n’en menait pas large… on sentait que sa fin était proche… Après une pause de quelques secondes, il reprit, d’une voix moins méridionale, car la mort unifie tous les accents :

— Je te lègue Parsifal… Bien que ce soit une affreuse canaille, comme le furent, hélas ! quelques-uns de mes amis… au fond, tout de même, ça n’est pas un mauvais diable… Veille sur lui… tu me feras plaisir… D’ailleurs, il a une femme qui… une femme que…

Et le pauvre grand homme mourut sur cet inachèvement…

Qu’avait-il voulu dire par là ?… Ma foi ! Je ne le sais pas encore… D’autant que, ayant pris possession de mon legs, je ne tardai pas à reconnaître que, si Parsifal était bien réellement une canaille affreuse, sa femme, laide, acariâtre et tyrannique, n’était pas du tout de ces femmes dont un amateur moribond peut vous dire à l’oreille qu’elles sont qui… qu’elles sont que… Non, en vérité, elle n’avait rien, rien de ce que de tels conjonctifs en suspension sur le rêve laissent supposer de folâtreries, d’intimités polissonnes, à des hommes