Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/313

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Une loi, parbleu !… je sais ce que c’est… Je sais que ça n’est jamais pour nous autres… Les lois sont toujours faites pour les riches contre les pauvres… Mais, tout de même… celle dont vous me parlez… elle est vraiment un peu forte… Car, si je n’ai plus d’enfants… c’est de leur faute…

» – De leur faute ?… À qui ?…

» – Mais aux autorités… à l’État… je ne sais pas, moi, à tous les bonshommes qui sont chargés de fabriquer les lois, à tous ceux là qui sont chargés de les appliquer… C’est bien simple… et ça n’est pas nouveau… L’État – il faut lui rendre cette justice – protège les volailles, les taureaux, les chevaux, les chiens, les cochons, avec une émulation merveilleuse, et une très savante entente du progrès scientifique. On a trouvé, pour ces divers et intéressants animaux, des modes d’élevage d’une hygiène parfaite. Sur tout le territoire français, il existe – à ne plus les compter – des sociétés d’amélioration pour les différentes races de bêtes domestiques. Celles-ci ont de belles étables… de belles écuries… de belles volières… de beaux chenils… bien aérés… bien chauffés… et pourvus non seulement du nécessaire… mais d’un grand luxe… On les entretient dans une salubrité constante et rigoureuse… purs de tous germes malfaisants et de contagions morbides, par des lavages quotidiens, par des désinfections rationnelles, à l’acide phénique, borique, etc… Moi, qui vous parle, j’ai construit des poulaillers