— Monsieur peut croire que je ne suis pas le premier venu… déclarai-je… Un domestique qui serait le premier venu n’aurait pas servi chez un évêque…
— Sans doute… sans doute… Mais que sait-on ?
Et son regard semblait vouloir pénétrer en moi… descendre en moi… jusqu’au fond de l’âme…
— Et puis voilà, objecta-t-il après un silence… vous êtes Breton. L’autre aussi était Breton… Vous avouerez que ce n’est guère encourageant.
— Mais monsieur sait, répondis-je avec une assurance dont je fus moi-même tout étonné… monsieur sait que si tous les Bretons ne sont pas des domestiques… tous les domestiques sont Bretons…
— Oui… oui… mais ça n’est pas une raison… Je suis tout seul, maintenant ; je suis très vieux… j’ai… j’ai… beaucoup de choses chez moi… Montrez-moi vos mains.
Je lui tendis mes mains. Il les examina attentivement, mesura pour ainsi dire la longueur des doigts, l’écartement du pouce, en fit jouer les jointures… Et il dit :
— Elles n’ont pas mauvais air… elles n’ont pas l’air terrible… Ce sont des mains…
— Des mains de travailleur… déclamai-je fièrement…
— Oui… oui… oui… Enfin, nous verrons… nous réfléchirons…