Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/66

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VI


Aujourd’hui, dans les jardins du Casino, tandis que, sous le kiosque, la musique jouait l’ouverture de Sémiramis – oh ! cette ouverture de Sémiramis, sautillante et persécutrice ! –, j’ai vu passer et repasser des gens et des gens, figures de toute sorte, que je connais ou que je reconnais, tous les genres de célébrité parisienne, M. Georges Leygues et son élégance provinciale, Maître du Buit, l’illustre avocat, M. Émile Ollivier, et des acteurs et des poètes, et des dentistes, et des grandes dames, et des petites femmes, tout cela bizarre et si triste !… Je les regarde avec avidité. Sur chacun de ces visages je mets une histoire ; souvenirs qui vont, pour une journée du moins, m’arracher à mon ennui, aux mornes ténèbres de mon ennui. Et c’est le général Archinard, la marquise de Parabole, le colonel de Présalé, et d’autres, d’autres encore, d’autres toujours…

Mais je m’attache particulièrement à M. Georges