Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/166

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— C’est-y après mé qu’ t’en as ? cria-t-elle.

— Oui, c’est après tè, la Garnière. J’ suis toute seule à la maison… Ma fille n’est point cor arrivée d’ la ville ; mon fi est dans l’bois, à cri des champignons… Y faut qu’ t’ailles cheuz l’formacien, porter c’papier,… et pis cheuz mossieu l’ curé, pour y dire d’venir, ben vite, à quant l’ bon Dieu…

— C’est-y pour l’ pè Dugué tout ça ?

— Ben sûr qu’ c’est pour li…

— Et qué qu’il a dit, l’ médecin ?

— Y n’a ren dit… il a dit seu’ment qu’y n’ passerait point la nuit…

— Ah ! Vierge Marie ! en v’là eune histoire… J’ai eune idée qu’ c’est les mauvaises fieuvres, comme défunt moun homme… Et pis l’âge itout… Y n’est point tant jeune, l’pè Dugué…

Et les deux femmes, que toutes les commères du hameau de Freulemont étaient venues rejoindre, se mirent à causer et à se raconter des aventures miraculeuses de maladies et de médecins.