Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/220

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arrivé à une tragédie !… Sous ma plume, le vers léger des gaudrioles se transformait en vers tragique… Là où j’avais voulu mettre des assonances cabriolantes, se dressaient les rimes au grand masque terrible !… Croyez-vous aux vocations ?… au coup de foudre des vocations ?… Moi, j’y crois…

Hippolyte Dougère respira un peu et ramena en arrière des mèches de cheveux qui pendaient sur son front. Il poursuivit :

— Depuis le moment où je m’étais révélé poète tragique… moi simple employé, moi, futur commis à cheval… depuis ce moment, j’avais un devoir, le devoir de continuer… Je continuai… Étienne Marcel, Louis XIV, Napoléon, Gambetta… j’écrivis huit tragédies… huit ! Et ce n’est pas fini… Je les envoyai en bloc au Théâtre-Français, à l’Odéon, à l’Éden, au théâtre de Montmartre… partout enfin où il est reconnu que l’on représente des œuvres sévères, historiques… Je les envoyai avec les recom-