Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prise pour une ferme, et je demandai du lait.

La femme à qui je m’adressai me regarda d’un air stupide, puis, haussant les épaules, elle me dit :

— Du lait ! Vous demandez du lait ! Mais y a pus de lait ici… Y faudrait des vaches pour ça. Et voyez donc ! Y a pus que des faisans, des faisans de malheur.

Et d’un air farouche, elle regarda autour d’elle les champs de mahonias qui s’étendaient au loin, protégeant de leur ombre fraîche et nourrissant de leurs baies violettes « l’oiseau de malheur » qui lui avait pris sa vache, qui lui avait pris son pain.