Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/314

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stationnait avec d’autres voitures, sur une petite place plantée d’acacias.

— Montez, montez, sapristi ! me cria-t-il.

Et, s’adressant au cocher, il commanda :

— Toi, marche, et rondement… Et tu sais !… si je suis dépassé par un de ces imbéciles, je te flanque à la porte… Au château ! vite…

Les chevaux piaffèrent, dansèrent un instant sur leurs jambes fines, en encensant la tête, puis la voiture vola sur la route. Agenouillé sur les coussins, penché sur la capote, M. Lechat surveillait attentivement les autres voitures qui, derrière nous, filaient, l’une après l’autre, et faisaient de petits nuages de poussière.

— Attention ! disait-il de temps en temps au cocher, attention, nom d’un chien !

Mais nous marchions grand train, à droite et à gauche, la campagne semblait emportée dans une course folle, disparaissait… Au bout de quelques minutes, les voitures rivales ne furent plus qu’un petit point gris